NI LE CIEL NI LA TERRE
CLÉMENT COGITORE - 1H40, 2015
AVEC JÉRÉMIE RENIER, KÉVIN AZAÏS, SWANN ARLAUD
Afghanistan 2014. À l’approche du retrait des troupes, le capitaine Antarès Bonassieu et sa section sont affectés à une mission de contrôle et de surveillance dans une vallée reculée du Wakhan, frontalière du Pakistan. Malgré la détermination d’Antarès et de ses hommes, le contrôle de ce secteur supposé calme va progressivement leur échapper. Par une nuit de septembre, des soldats se mettent à disparaître mystérieusement dans la vallée.
On pourrait croire à un suspense à la Agatha Christie: Dix Petits Nègres en Afghanistan. On en est loin. Ce premier long métrage étonnant est bien un polar, mais où les faits se défont, où la raison déraisonne. Clément Cogitore filme constamment l’au-delà du vrai, les à-côtés du visible. Sa caméra thermique, ses viseurs infrarouges lui permettent de transformer, par moments, les paysages rocailleux en lieux lunaires et les soldats qui s’y meuvent en fantômes, en ectoplasmes qu’on croirait sortis du néant. D’ailleurs, plus le capitaine et ses hommes marchent, se déplacent en poursuivant leur quête sans fin, plus ils font du surplace, comme les personnages du Stalker d’Andreï Tarkovski, dont le jeune cinéaste semble proche par son désir de fuir les apparences.
Pierre Murat, Télérama