NE CROYEZ SURTOUT PAS QUE JE HURLE
FRANK BEAUVAIS – 1H15, FRANCE, 2019
Janvier 2016. L’histoire amoureuse qui m’avait amené dans le village d’Alsace où je vis est terminée depuis six mois. À 45 ans, je me retrouve désormais seul, sans voiture, sans emploi ni réelle perspective d’avenir, en plein cœur d’une nature luxuriante dont la proximité ne suffit pas à apaiser le désarroi profond dans lequel je suis plongé. La France, encore sous le choc des attentats de novembre, est en état d’urgence. Je me sens impuissant, j’étouffe d’une rage contenue. Perdu, je visionne quatre à cinq films par jour. Je décide de restituer ce marasme, non pas en prenant la caméra mais en utilisant des plans issus du flot de films que je regarde.
C’est un documentaire qui ne ressemble vraiment à aucun autre. Un monologue intérieur comme jeté à la face du monde, bouillonnant et pourtant d’une maîtrise insensée. Un film éminemment personnel et pourtant foncièrement universel. Le résultat se révèle d’une poésie aussi renversante qu’envoûtante, où jamais les mots ne viennent expliquer les images, pas plus que les images ne bégaient avec les mots. Un geste cinématographique d’une beauté poignante.
Thierry Chèze, Première