Mickey and the Bear
Annabelle Attanasio – 1h29, États-Unis, 2019
avec Camila Morrone, James Badge Dale
Mickey Peck, une adolescente du Montana, a la lourde responsabilité de s’occuper de son père, un vétéran accro aux opiacés. Quand l’opportunité se présente de quitter le foyer pour de bon, elle fait face à un choix impossible...
Une adolescente écrasée par la sensation que le monde avance sans elle. Un père vétéran usé par le syndrome post-traumatique. La petite Amérique de nulle part. Et comme une envie d’ailleurs et d’horizons plus larges. N’aurait-on pas déjà vu ce film ? Oui. Et non. Car, comme toujours au cinéma, et dans toute discipline artistique, tout est dans le point de vue. Et celui d’Annabelle Attanasio (qui réalise ici son premier long) trouve dans cette histoire que l’on croit rebattue une résonance toute singulière. De simples détails suffisent à Mickey and the Bear pour se différencier. Collée à son héroïne Mickey – interprétée avec une assurance et une conviction folle par Camila Morrone, qui tient la dragée haute au monstre James Badge Dale – la réalisatrice évite les clichés de la chronique ado-féminine évanescente et tire le portrait d’une jeune femme décidée, concentrée, en acier trempé, mais tirée vers le bas par l’amour qu’elle porte aux hommes de son quotidien : son père et son petit copain. Se sentant obligée de s’occuper des malheurs de l’un et de satisfaire les besoins de l’autre, Mickey trimballe sa colère fatiguée dans chaque plan, insufflant à Mickey and the Bear une énergie douloureuse. Reste que la cinéaste transmet à chaque image sa conviction et la rigueur de son regard en filmant la violence ou l’espoir toujours à la bonne distance, en refusant pour son récit les voies les plus évidentes ou déjà vues. Souvent surprenant mais sans frime, Mickey and the Bear assoit sa personnalité sans le clamer, confronte avec dureté mais sans pathos excessif le quotidien de Mickey et ses désirs. Des débuts très convaincants.
Aurélien Allin, Cinéma teaser