L’Esprit de la ruche
Víctor Erice - 1h38, Espagne, 1973
avec Ana Torrent, Isabel Tellerìa, Fernando Fernán Gómez
Au début des années 1940, dans la froideur et l’ennui d’un village castillan isolé, deux sœurs découvrent le film Frankenstein lors d’une projection ambulante. Ana, 8 ans se pose mille et une questions sur ce personnage terrifiant. Sa grande sœur, Isabel, a beau lui expliquer que ce n’est qu’un « truc » de cinéma,
elle prétend pourtant avoir rencontré l’esprit de Frankenstein rôdant non loin du village…
Premier titre de la filmographie réduite de Víctor Erice (trois longs métrages en cinquante ans, avant un quatrième sorti en 2023), L’Esprit de la ruche s’inscrit dans une longue tradition de mise en scène de l’enfance au cinéma, tout en évitant le piège de l’attendrissement et de la mièvrerie. À la place, le réalisateur basque propose un conte angoissant où les visages les plus innocents cachent les pensées les plus sombres, et où les yeux les plus purs recouvrent des abîmes de terreur. Filmé dans toute sa complexité, cet âge incertain se révèle avec ses rêves et ses cauchemars, dansant sur la frontière, qui sépare le monde réel de l’imaginaire. En baignant son film dans les silences sans réponse de la petite Ana et en se refusant à expliquer les actes de son héroïne, Víctor Erice respecte à la lettre le précepte d’un autre grand cinéaste de l’enfance, François Truffaut : « Il ne s’agit pas de tourner avec des enfants pour mieux les comprendre, il s’agit de filmer les enfants parce qu’on les aime. »
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