Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait
Emmanuel Mouret – 2h, 2020
avec Camélia Jordana, Niels Schneider, Vincent Macaigne
Daphné, enceinte de trois mois, est en vacances à la campagne avec son compagnon François. Il doit s’absenter pour son travail et elle se retrouve seule pour accueillir Maxime, son cousin qu’elle n’avait jamais rencontré. Pendant quatre jours, tandis qu’ils attendent le retour de François, Daphné et Maxime font petit à petit connaissance et se confient des récits de plus en plus intimes sur leurs histoires d’amour présentes et passées…
Avec Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait, Emmanuel Mouret poursuit ses variations sur le sentiment amoureux et les tensions du désir. Le cinéaste n’a jamais cessé de mettre en scène des personnages qui n’existent que pour aimer. Ils n’en sont jamais tout à fait sûrs : éprouvent-ils un véritable amour ou n’est-ce qu’un désir volatil ? Quoi qu’il en soit, ils se retrouvent fréquemment prisonniers d’une question, d’une attente et des conflits intérieurs qu’elle provoque. Pour tenter de se libérer de cette cage d’incertitudes, chacun confie, tout haut, les pensées et les courants contraires qui l’habitent. Car dans ce cinéma-là, génétiquement attaché à une famille (Éric Rohmer, Woody Allen ou Hong Sang-soo), on ne bavarde pas pour combler un vide ou remplir un temps creux, mais on parle à bâtons rompus pour tenter d’y voir clair – au risque d’y voir trouble. L’art d’aimer chez Mouret (titre de l’un de ses longs métrages), c’est avant tout l’art de parler. Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait (à prendre comme un éloge de la contradiction) marque aussi une forme d’accomplissement dans la filmographie de Mouret. Le film est empreint d’une gravité nouvelle, celle qui sied aux amours impossibles et à leurs déchirures. La légèreté propre au badinage y est toujours de mise, mais elle se déleste de la teinte burlesque qui colorait ses autres films. Jamais ici l’art du récit, façon poupées russes, n’avait trouvé pareilles ampleur et maîtrise – temporalité élastique, ingéniosité d’un montage dynamique qui laisse les deux conteurs principaux stopper un instant leurs histoires et les reprendre comme on rouvrirait un livre. C’est que la vie des autres est un puits sans fond qui regorge de trésors romanesques.
Marilou Duponchel, Les Inrockuptibles
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