Les Ailes du désir
Wim Wenders – 2h08, Allemagne de l’Ouest / France, 1987 avec Bruno Ganz, Solveig Dommartin, Otto Sander
Des anges s’intéressent au monde des mortels, ils entendent tout et voient tout, même les secrets les plus intimes. Chose inouïe, l’un d’entre eux tombe amoureux. Aussitôt, il devient mortel. Un film sur le désir et sur Berlin, « lieu historique de vérité ».
Les Ailes du désir est l’acmé de Wenders et de ce qu’il avait envie de faire, de dire et de montrer au cinéma. Ce film est un conte, un labyrinthe dans lequel quelques anges qui vivent à Berlin, que personne ne voit sauf les enfants, ont une capacité à lire dans les pensées des habitants de la ville. Ils ont le don non pas d’empêcher quoi que ce soit, mais d’être bienveillant. C’est un film sur la bienveillance humaine… (…) Le film est un retour au cinéma expressionniste allemand, majoritairement en noir et blanc, et quel noir et blanc…
Ce retour est accompagné par une citation vivante du cinéma américain avec le personnage de Peter Falk dans son propre rôle, Columbo. Il y a de l’humour dans ce film, ce qui n’est pas la caractéristique majeure de Wenders dans ses autres films. (…) À Berlin il y a un passé plus lourd et plus difficile à digérer que les autres, c’est le passé nazi, et dans le film il y a une trouvaille extraordinaire c’est comment citer ce passé, Wenders a eu une idée absolument formidable, c’est un ange qui voit le passé par la fenêtre d’un taxi et d’un seul coup, c’est en couleur… On est dans un monde du noir et blanc et quand on passe à la couleur, ce n’est pas pour dire que la couleur c’est seulement la vie, mais aussi l’horreur. (…) Wenders réinvente un morceau de la partie Est du mur de Berlin en carton-pâte, mais ils ont aussi tourné des images clandestines, il y a quelques plans de Berlin-Est qui ont été volés, c’était totalement interdit et surtout pour un cinéaste du cinéma de l’Ouest comme on disait à l’époque…
Gérard Lefort, France Culture