LE PORNOGRAPHE

2H08, JAPON, 1965
AVEC SHOICHI OZAWA, SUMIKO SAKAMOTO, MASAOMI KONDO

Monsieur Ogata, pornographe, mène une vie compliquée. Il est désespérément amoureux de sa femme, Haru, qui n’arrive pas à oublier son précédent époux décédé. Il se partage aussi entre sa maîtresse et les enfants de son épouse...

Bien qu’ayant obtenu une relative liberté au sein de la Nikkatsu (Cochons et Cuirassés lui a tout de même valu deux ans d’interdiction de tourner), Shōhei Imamura est épuisé par l’incompréhension que suscite son ton noir et singulier. De moins en moins en phase avec le studio qui privilégie désormais le Pinku Eiga (films érotiques japonais à petit budget), genre dans lequel certains essayent de le pousser ou même de le catégoriser, il décide en 1966 de créer sa propre société de production, Imamura Productions. Son premier projet sera Le Pornographe. Imamura, dont l’un des thèmes favoris est la relation de la sexualité avec le corps social y aborde le sujet dans un Japon en voie d’occidentalisation. Comme à son habitude, il entame un long travail d’enquête qui le mènera à Osaka dans le milieu des Yakuza, chez celui qui se faisait appeler « Le Kurozawa du porno ». Les précédents films présentaient un Japon colonisé, pauvre et encore en reconstruction. Ses héros, en proie à leurs désirs et à leur cupidité, se perdaient dans leur volonté de survivre. Mais en 1964, le Japon a profondément évolué et a connu un redressement économique foudroyant, symbolisé par les Jeux Olympiques de Tokyo et le lancement du Shinkansen (train à grande vitesse) la même année. Si dans Le Pornographe les personnages s’abandonnent aux mêmes faiblesses, Imamura nous propose de scruter la nouvelle classe aisée. La caméra privilégie le plan fixe sur les personnages, les observe à la loupe, démonte chaque instant de vie dans leurs gestes les plus banals. Il nous met dans la position d’un « voyeur » en obstruant volontairement le champ de la caméra avec toutes sortes d’objets et en allant même jusqu’à rendre le son plus sourd lorsqu’il place la caméra derrière un aquarium. Avec le recul, le cinéaste aurait voulu pousser la provocation plus loin, mais il pensait que les spectateurs n’étaient pas prêts à voir mourir le personnage principal, le sexe en érection.
Bastian Meiresonne, Shōhei Imamura, Maître des désirs inassouvis

EN  AVANT-PROGRAMME
IMAMURA, PULSIONS ARCHAÏQUES (6 MIN)

Du 8 au 11 janvier
Le 8 janvier 2019 à 20h30
Le 10 janvier 2019 à 16h
Le 11 janvier 2019 à 19h
de 2,50 à 5€