Le Périmètre de Kamsé
Olivier Zuchuat – 1h33, France/Suisse, 2020
Dans le nord du Burkina Faso, la désertification grignote les terres et l’immigration vide les villages. À Kamsé, villageoises et villageois restés sur place se sont lancés dans un chantier pharaonique, creuser dans la fournaise, à la pelle et à la pioche, un réseau de digues et de mares, puis planter des milliers d’arbres pour reverdir et fertiliser les zones conquises par le désert. Une bataille menée par les femmes. Et dans la chaleur aveuglante, une digue se dresse, un lieu se transforme. À Kamsé, il est espéré que ceux qui ont émigré reviennent ensuite.
Ce qu’il y a à dire est moins important que ce qui fait question, en l’occurrence la répartition du travail entre les habitantes et les habitants, les tensions entre les croyances et les techniques et la coappartenance des hommes et de la nature. Pour mettre en évidence la transformation topographique des lieux, le cinéaste travaille en géomètre, et c’est la grande réussite du film. Renonçant aux gros plans et aux héros, il s’obstine à capter les lignes de force de cette métamorphose. Dans un prodigieux mélange de force et de fragilité, Zuchuat livre le portrait atmosphérique d’une bataille écologique à petits pas qui a pour carburant les femmes de Kamsé, surgies comme de nulle part.
Maroussia Dubreuil, Le Monde
À retrouver dans ce cycle
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ImageLe 14 marsThomas Zribi – 52 min, France, 2023