Le Destin
2H15, ÉGYPTE, 1997
AVEC NOUR EL-SHERIF, LAILA ELOUI, MAHMOUD HEMIDA
Un tableau joyeux et coloré de l’Andalousie arabe au XIIe siècle, mais aussi et surtout une peinture impitoyable de la violence politique déguisée en pureté religieuse. Nous sommes en France au XIIe siècle. On voit un homme brûler sur un bûcher, au pied des remparts de Carcassonne. Son crime ? Avoir traduit les textes d’un hérétique, un musulman arabe andalou Averroès…
Le plus turbulent des cinéastes égyptiens ne pouvait que sympathiser avec Averroès. S’il offre à l’œil tous les apparats, les palais et les turbans de la fresque historique, Le Destin manifeste ouvertement sa brûlante actualité. Et là où tout était réuni pour faire de ce quasi-péplum un pensum à message assené, Youssef Chahine batifole à plaisir. Rendez-vous amoureux, incendies, guet-apens, tout est prétexte à presser le mouvement, à faire cavaler le drame, à fouetter les conventions du genre. Les femmes, comme souvent chez Chahine, ont un rôle essentiel. Fortes, raisonnables (et parfois divines), les fières Arabo-Andalouses du Destin sont un des plus beaux pieds de nez de ce film insolent, bien plus qu’humanitaire, bien plus qu’humaniste : profondément humain.
François Gorin, Télérama