Le Ciel rouge
Christian Petzold – 1h42, Allemagne, 2023
avec Thomas Schubert, Paula Beer, Langston Uibel
Une petite maison de vacances au bord de la mer Baltique. Les journées sont chaudes et il n’a pas plu depuis des semaines. Quatre jeunes gens se réunissent, des amis anciens et nouveaux. Les forêts desséchées qui les entourent commencent à s’enflammer, tout comme leurs émotions. Le bonheur, la luxure et l’amour, mais aussi les jalousies, les rancœurs et les tensions. Pendant ce temps, les forêts brûlent. Et très vite, les flammes sont là.
Christian Petzold « retient » l’été, comme si c’était le dernier. Voici des cendres en guise de lucioles, une plage luminescente et une partie de ping-pong verbal qui commence à quatre et ne finira pas au complet. Dans Le Ciel rouge, son dixième long métrage, Grand Prix du jury à Berlin, le réalisateur allemand livre un conte rohmérien à l’heure de tous les dérèglements, avec un quatuor d’acteurs qui déconstruit constamment le récit avec une fluidité stupéfiante. Deux amis, Leon (Thomas Schubert) et Felix (Langston Uibel), qui se sont rencontrés dans une école d’art, partent quelques jours au vert pour finir leurs travaux – des photos à produire pour Felix et un deuxième roman pour Leon. En arrivant, ils découvrent une invitée surprise en la personne de Nadia (Paula Beer), beauté magnétique qui fait tomber les garçons comme des mouches. C’est à travers le dérèglement introduit par Leon, son mépris de classe, sa propension à tout gâcher, que les autres personnages réactivent la place de chacun, lors d’échanges affûtés, drôles, d’où surgit l’inattendu. La légèreté circule à nouveau, rien n’est vraiment grave, si ce n’est que l’air commence à se charger de la fumée des feux de forêt…
Clarisse Fabre, Le Monde