LA SOCIOLOGUE ET L'OURSON

La France s’enflamme sur le projet de loi du Mariage pour tous. Pendant ces neuf mois de gestation législative, la sociologue Irène Théry raconte à son fils les enjeux du débat. De ces récits naît un cinéma d’ours en peluche, de jouets, de bouts de cartons.

Le film commence avec les premières réunions à l’Elysée et s’achève une fois la loi enfin passée. Le but est moins d’affiner un argumentaire et d’inspecter les ramifications d’une pensée que d’observer le battage médiatique et l’arène des positions critiques. Mais le film est aussi plus que cela, pour être constitué de deux faces s’alternant avec un rythme captivant. D’une part, de longs plans-séquences (certains virtuoses, d’autres délicieux dans leurs moqueries), et d’autre part, les conversations téléphoniques entre la mère et le fils, entretiens en formes de leçon de sociologie pour le commun. Ils s’accompagnent d’un spectacle de marionnettes et de peluches animées qui relayent la simplicité du propos par la légèreté des mises en scène l’illustrant. Dispositif dont le but n’est sûrement pas un gain d’intelligibilité, plutôt un renouvellement du genre satirique. De ce fait, La Sociologue et l’ourson demeure un bel exemple de cet infléchissement du cinéma de combat qui semble de plus en plus enclin à faire passer la lutte dans le rire, ou le rire dans la lutte.
Gabriel Bortzmeyer, États généraux du documentaire, Lussas 2015, Débordements.fr

En collaboration avec le collectif XYZ et le festival Libres Regards.