J'AI TUÉ MA MÈRE
1H40, QUÉBEC, 2009
AVEC ANNE DORVAL, XAVIER DOLAN, SUZANNE CLÉMENT
Hubert Minel n’aime pas sa mère. Du haut de ses dix-sept ans, il la jauge avec mépris, ne voit que ses pulls ringards, sa décoration kitsch et les miettes de pain qui se logent à la commissure de ses lèvres quand elle mange bruyamment. Confus par cette relation amour/haine qui l’obsède un peu plus chaque jour, Hubert vague dans les arcanes d’une adolescence à la fois marginale et typique rongé par la hargne qu’il éprouve à l’égard d’une femme qu’il aimait pourtant jadis.
Il y a dans J’ai tué ma mère une insolence bluffante derrière laquelle son auteur assume crânement ses choix: de la férocité provocatrice de cet Œdipe théâtral aux explosions hystériques et comiques, la parenté aveuglante avec le Tarnation de Caouette ou les trébuchements de ses bouffées narcissiques. L’intimité disloquée de ce couple tristounet dans l’ambiance polaire du Québec a en tout cas accouché d’un réalisateur qui mérite qu’on reste attentif à ses futures extravagances.
Bruno Icher, Libération