Debout sur la montagne
SÉBASTIEN BETBEDER – 1H48, 2019
AVEC WILLIAM LEBGHIL, IZÏA HIGELIN, BASTIEN BOUILLON
Stan, Hugo et Bérénice ont grandi dans les montagnes. Ils étaient inséparables. 15 ans plus tard, devenus des adultes un peu abîmés par la vie, ils se retrouvent dans le village de leur enfance. Ces retrouvailles permettront-elles de renouer avec la fantaisie, l’insouciance et la joie de leurs premières années ?
Bienvenue dans le petit monde à part, toujours fugueur et oxygénant, de Sébastien Betbeder (2 Automnes, 3 hivers, Le Voyage au Groenland), et dans son meilleur film à ce jour, un alliage de fantaisie, de gravité et de virages fantastiques, paradoxalement clairs comme de l’eau de roche. On pourrait narrer la délicate histoire de ces deux garçons et de cette fille en quête d’équilibre à la manière d’un inventaire à la Prévert, car chaque détail a son importance : un zèbre et un lama soudain en liberté rappellent qu’il fait bon rester sauvage. Une petite tour enneigée et une météorite tombée du ciel offrent des bouffées de conte de fées. Et une étrange créature attend dans une grotte d’être réconfortée… De la célébration des saisons à la confiance dans la guérison, cette comédie en altitude invite à de multiples pistes, mais aussi au hors-piste…
Pour interpréter ceux qui restent, déchirés entre le refus d’oublier et la nécessité de se débarrasser des fantômes, Sébastien Betbeder a trouvé un trio d’acteurs à la grâce intemporelle : Bastien Bouillon, nouvelle tête montante du cinéma d’auteur, fait de la gêne un joli philtre d’amour. William Lebghil confirme qu’il peut émouvoir par son seul air éberlué. Entre eux deux s’impose Izïa Higelin, avec son corps volcanique et sa voix de roc friable, comme dans cette séquence superbe où elle confesse son rapport de dépendance aux hommes. Mais, comme tous les autres personnages du film, elle trouvera une place pour ne plus avoir peur du vide.
Guillemette Odicino, Télérama