Annie Colère
Blandine Lenoir – 2h, 2022
avec Laure Calamy, Zita Hanrot, India Hair
En 1974, une mère de famille tombée enceinte contre son gré s’adresse à une association qui procède à des avortements, une pratique encore illégale.
La réalisatrice d’Aurore a effectué de longues recherches en amont de l’écriture du scénario qu’elle cosigne avec la journaliste Axelle Ropert. C’est patent, tant dans l’action que dans le propos. Campé en 1973-1974, juste avant le dépôt de la loi Veil, qui décriminalisa l’avortement dans l’Hexagone, le film brosse le portrait captivant d’une femme « ordinaire » qui découvre en elle des ressources, et une force, extraordinaires. Les conditions propices à cette prise de conscience commencent à se mettre en place lorsqu’Annie obtient un avortement sécuritaire effectué par un médecin en présence d’une bénévole du MLAC, Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception. La bienveillance du groupe, jumelée aux conditions sanitaires très sûres, la remue profondément. Lorsque sa voisine et amie périt tragiquement des suites d’un avortement clandestin, comme tant d’autres femmes – les chiffres avancés glacent le sang –, la Annie timorée devient la Annie colère du titre. La voici donc qui s’implique auprès du MLAC, qui apprend même à pratiquer la procédure abortive…
S’il partage maintes similitudes narratives avec Call Jane (Nous sommes Jane), de Phyllis Nagy, produit concurremment, Annie Colère se révèle encore plus nuancé, et de surcroît plus étoffé en ce qui concerne le contexte sociopolitique revisité. À la réalisation, Blandine Lenoir privilégie une sobriété judicieuse, mais n’en fait pas moins parler l’image. Copieux mais justifiés, les extraits d’archives télévisées ajoutent à l’impression d’authenticité. Enfin, il importe de signaler le travail formidable de Laure Calamy, qui offre avec son Annie une performance mémorable. Un film pour se souvenir ou pour apprendre et, surtout, pour ne jamais décolérer.
— François Lévesque, Le Devoir
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