25 Lycéens et apprentis
25 Lycéens et apprentis

Vos meilleurs souvenirs

25 ans de Lycéens et apprentis au cinéma

publié le 02/06/2022

En 1997, le dispositif Lycéens et apprentis au cinéma était expérimenté en Franche-Comté, coordonné alors par le Conseil Régional. Depuis 2012, Les 2 Scènes ont en charge la coordination, et le 25e anniversaire du dispositif nous donne l'occasion de porter un regard rétrospectif sur cette expérience collective d'éducation au cinéma.
Nous avons demandé aux participants et intervenants du dispositif leurs meilleurs souvenirs.
En voici la collection, en mots et en image :

Valse avec Bachir, une "claque" pour le scénario et, surtout, pour la narration associée aux choix graphiques. Je suis marquée à jamais par ce film.
Côté élèves : leur réaction face à Certains l’aiment chaud. À la sortie du film, deux élèves me disent : « Quand même pour un vieux film, c’est moderne ! ».
– Florie 

Le travail fait autour de Soyez sympas, rembobinez, de Michel Gondry. J'avais demandé aux élèves de réaliser eux-mêmes un film suédé. Les élèves ont adoré cet exercice et ont proposé des versions – de films d'horreurs surtout – à mourir de rire. Ce fut un très bon moment d'enseignement.
– Adeline

Nói albínói et plus encore Deep End, deux films qui ont marqué les 25 dernières années par le débat suscité en comité de sélection des films ou entre collègues, et qui se sont avérés être une réussite totale auprès des apprentis et une véritable "claque" de cinéma.
– Mathias

Certains l’aiment chaud que les élèves ont beaucoup aimé avec une très belle affiche : Tony Curtis, Jack Lemon, Marilyn Monroe… À l’inverse, je garde aussi un souvenir fort du film le plus controversé, Sans toit ni loi… J'ai beaucoup défendu le film et sa protagoniste !
– Nathalie

Souvenirs en image.
– Aude 

Les meilleurs souvenirs restent attachés aux grands classiques : plaisir de montrer aux classes L'Homme de la plaine, d'Anthony Mann, Certains l'aiment chaud, de Billy Wilder, La Soif du mal, d'Orson Welles, La Nuit du chasseur, de Charles Laughton, Les Contes de la lune vague après la pluie, de Kenji Mizoguchi ou Le Pigeon, de Mario Monicelli. Les belles découvertes : les courts métrages de Laurent Cantet (Jeux de plage), d'Ursula Meier (Des heures sans sommeil) au début des années 2000, Valse avec Bachir, d'Ari Folman, La Famille Tenenbaum, de Wes Anderson, j'ai découvert aussi Michel Gondry (Soyez sympas, rembobinez), Thomas Vinterberg (Festen) et tout récemment Antoine Page (C'est assez bien d'être fou). C'est aussi la redécouverte d'auteurs ou de films plus ou moins tombés dans l'oubli : À bout de course, de Sidney Lumet, Gare centrale, de Youssef Chahine, Panique, de Julien Duvivier. C'est aussi une programmation toujours exigeante, variée, qui fait une place particulière à la richesse et à la diversité du cinéma français : Les Roseaux sauvages, Les Yeux sans visage, La Cérémonie, L'Homme qui aimait les femmes, L'Exercice de l'État...
– Philippe 

La dernière séance en date avec C'est assez bien d'être fou en janvier 2022 pour plusieurs raisons :
– le plaisir d'aller au cinéma !
– avoir la salle pour nous, avec treize élèves qui n'avaient ni popcorn, ni boisson, et aucun bruit parasite ;
– la qualité de ce documentaire qu'ils ont apprécié autant que moi ;
– mon émotion et leur tristesse quand je leur ai appris la mort de Bilal, protagoniste du film.
– Daniel 

L'intervention de Delphine Ziegler au printemps 2021 pour un atelier sur le cadrage, organisé durant la fermeture des salles de cinéma : toute une matinée d'échanges et expérimentations fructueuses.
– Nathalie

Un souvenir associé à Panique vu en 2020 : au bout d'1h30 de film, je sonde quelques élèves sur leurs ressentis et l'un d'entre eux me répond : « Madame vous savez s'il y a une suite ? ».
– Émilie

Beaucoup de films redécouverts et un partage avec les élèves en salle mais plus encore avec les collègues proposant les analyses, collègues pleins de fougue et de foi en ce cinéma d’art et d’essai. Le souvenir aussi de la personnalité emblématique de Michèle Tatu, Madame Cinéma, qui a mis en place le dispositif en région : l’incarnation de la passion du cinéma.
– Marie-Pierre 

L'Exercice de l'État en 2015 : un miroir du jeu politique, une métaphore du désir de toute puissance, ses impossibilités de rencontres, de points de vue avec les citoyens utilisés comme "objets de représentation". Des mondes qui se juxtaposent sans intersection, imperméables, sans transition : un tantinet en résonance avec notre actualité...
Et souvenirs en image, une vue de ma bibliothèque et de la collection de livrets pédagogiques.
– Aude

Tel père, tel fils avec des élèves de 1ère Bac pro. On craignait que les jeunes décrochent car ce film japonais était long, en version originale sous-titrée. Nous nous sommes rendu compte qu’ils avaient globalement beaucoup aimé le film. Ils avaient même vu des choses que nous n'avions pas vues ! On a parfois l'impression que les films ne les touchent pas ou que le projet les ennuie parce que les films ne font pas partie de ceux qu'ils iraient voir au cinéma… et malgré tout, il y a toujours une réaction – bonne ou mauvaise – et c'est cela qui compte, qu’ils arrivent à en parler.
– Pascale 

Contre toute attente, M le Maudit de Fritz Lang. Je ne vous cache pas l'appréhension avec laquelle j'ai emmené des élèves de 15 ans voir un film de 1931, en noir et blanc et allemand sous-titré... Je pense que ce film les a marqués. Quelques semaines après le visionnage, certains élèves s'amusaient encore à coller des "M" en papier sur le pull du camarade de devant, et l'air de Peer Gynt a souvent été siffloté en classe. Je suis contente d'avoir laissé une petite empreinte cinématographique dans leurs jeunes esprits.
– Marion 

Une rencontre avec Frédéric Strauss à la MFR des Fins autour de Tout sur ma mère, de Pedro Almodovar. Et, bien sûr, les rencontres avec le réalisateur Antoine Page lors des formations que j’ai animées sur son film C’est assez bien d’être fou en 2021.
– Danielle

Un souvenir en images, les interventions "Le Jeu au cinéma" par Éric Borgen en 2021.
– Joanna

           
Des interventions que j'ai faites en Franche-Comté dans le cadre du dispositif, je garde en particulier le souvenir de la découverte du lycée Jules-Haag où j'ai présenté à plusieurs reprises Deep End, de Jerzy Skolimowski. Sur une hauteur de Besançon – belle ville que j'ai elle-même mieux connue au fil de mes venues – ce lycée ressemble à un promontoire ou à un paquebot altier, et son lien historique à l'activité horlogère de la cité ajoute à sa fière allure. Mais j'ai aussi été sensible à la réception, souvent très chaleureuse, qui m'a été réservée au sein d'établissements moins impressionnants visuellement, dans toute la région.
– Jean-François

Certains l'aiment chaud, de Billy Wilder : le noir et blanc, Marilyn, la prohibition...  Le grand bain pour certains élèves, j'ai adoré ce choc !
– Édith

L'intervention d’Anna Marmiesse sur le scénario de Panique : c'était très enrichissant et les élèves étaient ravis de la rencontrer. Ainsi que ma participation à la sélection des films en avril 2019.
– Florent

Trois films : La "claque" avec M le Maudit, que j'ai découvert et adoré ! Tel père, tel fils, qui nous avait permis de travailler sur les objets comme marqueurs sociaux et avait donné lieu à une explication de la notion de cible en marketing et en design. Alien et le travail sur les artistes – dont HR Giger – qui avaient contribué au film et à l'analyse d'œuvres d'art.
– Aude

Un élève qui a pu utiliser L'Exercice de l'Etat lors d'un oral de classe préparatoire : sauvé !
– Esther

Le plaisir de voir sur une copie d'élève qu'il (ou elle) a aimé le film alors qu'il ne l'aurait pas regardé de lui-même. C'est toujours agréable de constater ce qu'un film a créé comme émotion chez l'autre, surtout chez des jeunes qui ne vont pas ou peu au cinéma. Les réactions des élèves peuvent être inattendues dans un sens comme dans l'autre et je trouve que bien souvent à travers un film c'est d'eux qu'ils parlent. Je me souviens d'avoir été surprise quand plusieurs élèves m'ont dit avoir été choqués dans Morse par une scène où le jeune garçon a le nez qui coule jusqu'à sa bouche, alors qu'il y avait bien d'autres raisons d'être dérangé par ce film... J'aime quand il y a débat, par exemple autour de certains personnages, comme la jeune femme dans Deep End qui avait fait largement réagir mes élèves garçons de Bac pro Maintenance ou dans OSS 117 : Le Caire, nid d’espions.
– Jenny

Une image : celle du sketchnote d’Inès, lycéenne, réalisé autour du programme de courts métrages Trouver sa place.
– Gwladys

Cette année, la rencontre entre Antoine Page, le réalisateur de C’est assez bien d’être fou et les élèves : la discussion était spontanée et les élèves très intéressés, leurs différentes réactions m'ont même fait beaucoup rire et donc plaisir.
– Olivier  

Mes souvenirs marquants plutôt que les "meilleurs" : un soldat couché sur une mine qui va exploser (No Man’s Land) ; une tête piétinée et le sang qui gicle partout (Dead Man), des dizaines de têtes coupées par des épées (Sleepy Hallow), un film de vampire avec des enfants vampires (Morse). Mais aussi ce très beau film, vu aujourd'hui, Nostalgie de la lumière : une grande émotion et la nostalgie du temps qui passe (ma retraite approche...).
– Sonia 

L'intervention que j'ai menée autour de Lorraine ne sait pas chanter dans un lycée agricole près de Lons-le-Saunier où je ne m'attendais pas du tout à me retrouver dans une classe de BTS Viticulture avec des gens de tous les âges – entre 18 et 50 ans ! –, surtout que j’étais moi-même encore étudiant au conservatoire. Des échanges très agréables lors d'une séance très "horizontale", je ne me sentais pas dans une posture de "distribution" de savoir. Je me souviens notamment, entre deux discussions autour de la musique de film, leur avoir demandé des conseils en vin du Jura, vu leur spécialité… Et en bonus, j'ai reçu un cadeau de l’enseignante, un morceau de comté fait sur place !
J’ai aussi beaucoup apprécié mon cycle d’interventions autour du jazz pour Certains l'aiment chaud : me replonger dans ce film génial et partager ma passion pour l'Histoire du jazz qui est de plus en plus éloignée de nous. Et surtout, découvrir à chaque séance des points de vue et des interprétations différentes de certaines scènes de ce film qui est plein de références, de gags et de sens cachés.
– Matthieu

Décembre 2021 : je me trouve à l’entrée du lycée avec ma cheffe d’établissement. Cette année, le choix a été fait de n’emmener que les élèves de seconde et première à cause du “sacro-saint baccalauréat”. Deux élèves de terminale Bac pro s’approchent de moi :
– Madame, on est déçus de ne pas retourner au ciné avec vous !
– Vous n’allez pas me dire que vous regrettez les vieux films noirs et blancs sous-titrés ?
– Ce n’était pas si mal, j’ai bien aimé le film de l’an dernier qui se passait à la frontière espagnole ! (Rêves d’Or, de Diego Quemada-Diez)
Et tout cela devant ma cheffe d’établissement, une parfaite valorisation du dispositif !
– Corinne

Le choc Sans toit, ni loi, d’Agnès Varda et toutes ces discussions avec mes collègues à propos de ce film ou d’autres au programme. Je me souviens également d'avoir accompagné S21 et La Trahison comme formateur académique. Je me souviens aussi du sentiment de "vivre avec ces films" et de ma rencontre-interview avec Philippe Faucon et de la richesse des échanges avec les collègues dans toute l'académie. Oui on peut "vivre avec un film" et le "porter"... Le fait que j'ai toujours gardé contact avec Michèle Tatu – qui a naguère porté le dispositif – témoigne de la richesse des échanges générés par celui-ci. Et voici une photo de ma salle de classe.
– Nicolas

 

Le dispositif est un véritable bonheur pour moi : j'y ai vu des films magnifiques que je n'aurai jamais regardé sans cela (comme Depuis qu'Otar est parti) et j'ai appris des choses passionnantes.
Quelques souvenirs avec les élèves :
– Les Combattants a provoqué un vif débat autour des scènes de survie dans la forêt : un élève était presque en colère à cause du manque de crédibilité de la séquence à ses yeux ! Cela a ouvert une discussion sur le cinéma et la réalité.
– Une séparation a beaucoup divisé, en particulier à cause de sa fin ouverte. Les élèves voulaient absolument savoir si elle allait choisir son père et rester en Iran ou bien partir avec sa mère, ils ont même voulu faire un vote !
– Un dernier souvenir : une élève de terminale bouleversée par My Sweet Pepper Land. Elle l'avait évoqué dans un bilan de fin de lycée comme l’un des plus beaux souvenirs qu’elle gardait.
– Sarah 

Ma première projection avec des lycéens, Le Pigeon, de Mario Monicelli. Je travaillais auparavant au collège et avais pris l'habitude de ne pas m'installer au fond de mon siège pour mieux voir ce qui se passait dans la salle et être prête à intervenir au besoin. La lumière s'est éteinte, le silence s'est tout de suite installé, j'ai senti la salle captive, et j'ai alors pris conscience que j'étais là avec de jeunes adultes, que je pouvais me poser et profiter moi aussi du film. Je me suis aussitôt enfoncée dans mon siège.
D'autres souvenirs :
– l'année de la plus forte participation au dispositif, effet du hasard ou déterminisme, les dix classes de 2nde inscrites cette année-là portaient des noms de réalisateurs !
– un 14 octobre 2020, un mercredi après-midi, un Coup de projecteur sur Panique, douze participants masqués et intéressés, et Marc Frelin en animateur passionné…
– ce même animateur, venu au premier trimestre 2019, présenter la programmation de la saison et livrer quelques clés d'analyse devant une classe de 2nde captivée ;
– l'intervention de Jean-François Buiré en classe de Terminale STMG sur M Le Maudit où tout l'aspect discipline a été gommé, tant ce dernier a su susciter l'intérêt des lycéens en échangeant avec eux, prenant en compte leurs questions, leurs remarques, leur ressenti, et en les impliquant par petits groupes par des jeux d'images à associer. Un moment très riche... et sans problème technique.
– Patricia

En 1997, premiers souvenirs, les premiers contacts avec Michèle Tatu, toujours très chaleureux. J'ai toujours la conviction que ce dispositif doit perdurer : il est capital pour apporter des clés de lecture et  faire aimer le cinéma aux lycéens. Il est important aussi pour toutes les interventions spécifiques, les activités annexes qu'il induit : Club ciné avec le cinéma des Cordeliers, journées au festival Entrevues...
– Maryse

Découvrir pour la première fois Marilyn Monroe sur grand écran. Fan de l’actrice, je ne l’avais vue qu’à la télévision lors de rediffusions durant mon adolescence. J’ai ensuite acheté un grand écran et j’ai acheté la collection complète des films de Marilyn en DVD. Mais c’est grâce à la programmation de Lycéens au cinéma que j’ai pu enfin la découvrir au cinéma et ce fut encore mieux ! Je vous remercie d’avoir mis mon actrice préférée à l’honneur.
– Corinne

En 1997, au lycée agricole de Vesoul, la rencontre des élèves avec le cinéma et les œuvres, mais aussi avec les deux autres établissements du quartier. Trois cultures différentes mais un même âge dans une même salle autour d'une projection : la magie du cinéma en salle. La rencontre entre profs dans les formations de bassin. Éducation à l'image par le choix des films, la diversité et le parcours proposés à un élève. Pari pas toujours gagné en amont quand il faut défendre un film égyptien en noir et blanc dans une gare centrale, mais des élèves à la sortie scotchés. En tant qu’enseignant, je me souviens d'une formation de Nicolas Demortier, sur S21 de Rithy Panh qui nous a nourri et nous a permis de nourrir à notre tour les élèves. Je me souviens également, de débats, parfois un peu chauds, autour du racisme, de la différence, dans la salle entre les élèves des trois lycées.
En tant que conseiller DRAC ensuite, je me souviens de l'expérience nationale avec la participation au comité de sélection, la vision des films sur grand écran nous a permis de sélectionner des films qui a priori n'auraient pas été retenus, comme Les Dents de la mer par exemple.
– Christian

Sans aucun doute : le programme de courts métrages Trouver sa place qui avait beaucoup fait raisonner.
– Sam 

L'exploitation de la scène d'ouverture de La Soif du mal : les élèves de terminale ES avaient vu le film en salle, nous avons revu plusieurs fois la scène d'exposition ensuite et, avec mon aide ou non, ceux-ci retrouvaient dans la composition de l'image des tas d'éléments quasiment imperceptibles à vitesse réelle et donnant pourtant des clés pour la compréhension de l'intrigue. Nous avions passé une heure à ne revoir quasiment que ces trois minutes et un certain nombre d'élèves avaient été frappés par le soin apporté par Orson Welles dans la composition du plan-séquence.
Souvenir du film qui peut-être "collait" le mieux au programme (même si ce n'est pas ma priorité quand j'inscris une classe, c'est un plus) : La Trahison, qui permettait par la multiplicité des points de vue d'aborder la complexité de la guerre d'Algérie loin de tout manichéisme.
– Philippe 

Le ciné-concert organisé dans le cadre de l’Opération courts métrages au lycée Pergaud en mai 2021, en tout petit comité. Les étudiants de BTS s'étaient sentis extrêmement privilégiés de ce très beau moment de spectacle vivant. L’article de mes élèves est en ligne sur le site du lycée.
– Caroline

 

Shining, de Stanley Kubrick et l'excellente réception des élèves, bien qu'ils aient eu peur, mais de cette peur qui fait frissonner de plaisir. Je garde aussi en mémoire la réaction d'un collègue de français qui a crié au scandale. Il est sorti de la séance, rouge de colère en disant qu'il était inadmissible que l'on puisse emmener des élèves voir ce genre de film. Suite au film, nous avons eu droit à une intervention passionnante sur la musique par Christian Girardot, intervention qui n'a fait que renforcer l'accueil favorable du film.
Une autre belle rencontre avec Valse avec Bachir, de Ari Folman, ainsi que l'analyse qui en avait été faite par un intervenant extérieur.
– Emmanuelle