Sur Terre
illustration ©Jochen Gerner
Sur Terre
illustration ©Jochen Gerner

Éduquer en Anthropo(s)cène

Formation pour les enseignant·e·s

Depuis trois saisons, les 2 Scènes proposent une programmation autour de la question de l'anthropocène, laquelle s'illustre cette saison lors des festivals Sur Terre #1 & Sur Terre #2.

Éduquer en Anthropo(s)cène est une journée de formation destinée aux enseignant·e·s dans le cadre du plan académique de formation qui vient compléter cet axe de programmation.

Programme de la journée

de 9h à 12h | Conférence / débat L’Éducation à l’heure de l’anthropocène
avec Renaud Hétier, professeur à l’UCO (Angers), docteur en sciences de l’éducation à l’Université de Lyon et auteur de L’Humanité contre l’Anthropocène aux éditions PUF.

« Résister aux effondrements, c’est alors, dès l’enfance, par une éducation profonde, modifier radicalement notre rapport au monde et à la vie. Cela suppose de développer des capacités à sortir de la saturation et du débordement qui nous affectent, afin de « voir » véritablement le monde, la nature dont nous faisons partie, de cultiver la vie qui, en nous, demande malgré tout à être et à transmettre. »

de 14h à 17h | Ateliers
avec Ambre Lacroix – une bonne masse solaire (sous réserve) et Benoît Grosjean – collectif Idéehaut

 

Plus de détails sur la conférence / débat L’Éducation à l’heure de l’anthropocène

La menace liée à l’Anthropocène change complètement la perspective de l’avenir de l’humanité et interroge en profondeur nos modes de vie, nos valeurs, notre lien à la vie et à la Terre, et, bien entendu notre rapport à l’avenir, à nos enfants et à l’avenir de nos enfants. Deux questions se posent : Quelle éducation est-elle encore possible en Anthropocène ? et : Ne faut-il pas à présent une éducation à l’Anthropocène ?

Nous nous appuierons dans un premier temps sur une réflexion conduite dans un ouvrage récent, L’Humanité contre l’Anthropocène, pour comprendre les ressorts économiques de cette histoire, analyser la façon dont le système capitaliste, qui produit l’Anthropocène, nous aliène et envisager des solutions qui passent notamment par une éducation profonde.

Cette aliénation sera décrite comme circulaire : cette économie nous coupe de nos forces vitales et notamment de nos forces spirituelles et psychiques en nous exploitant et nous rend ensuite dépendants des compensations qu’il nous vend. Nous avons ainsi « tout à y perdre » : nous nous appauvrissons humainement, nous sommes exploités, nous devenons dépendants, nous payons (cher) ce qui pourrait être « gratuit ».

Une éducation profonde vise la reconstruction de forces spirituelles et psychiques. Les deux dimensions sont incontournables et complémentaires. Par le spirituel nous nous relions à l’autre, au vivant, au monde, au réel, qui nous soutient, nous contient, mais qu’à présent nous devons aussi soutenir. Par le psychique nous trouvons des forces vitales en nous-mêmes, pourvu que nous ayons le courage de traverser le « vide », nous désencombrer de toutes les compensations qui saturent nos existences et retrouver sa créativité. Tout cela suppose un aménagement des conditions de l’enfance qui transforme en profondeur l’éducation.

Dans un deuxième temps, nous pourrons échanger sur ces arguments et sur toutes les questions que les participants pourront se poser en matière d’éducation en Anthropocène et à l’Anthropocène.

Dans un troisième et dernier temps, il s’agira de travailler, en atelier, des propositions pédagogiques centrées sur la perspective de la créativité. Cette créativité pourra s’entendre de différentes façons et notamment :

Pour elle-même, gratuitement, sans préoccupation de l’Anthropocène, mais dans l’idée qu’un monde complètement nouveau et des défis sans précédents réclament bien des humains imaginatifs et innovants ; Pour se donner les moyens de métaboliser les émotions et notamment l’angoisse liée à la destruction de la Terre et du vivant et à l’incertitude quant à la vie à venir et passer d’une possible paralysie au désir de s’exprimer, à l’espérance, à la volonté d’agir ;
– Pour s’approprier de façon dynamique les savoirs scientifiques sur l’Anthropocène, l’analyse de ses causes, celle de ses effets et se placer en position de partager et de transmettre cette connaissance aux autres ;
– Pour découvrir les nombreuses alternatives déjà mises en place (production d’énergie, agriculture, déplacements, urbanisme, régime alimentaire, relocalisation, etc.) ;
– Pour méditer sur nos choix de vie et le sens même de la vie, en envisageant la conversion du consumérisme en autre chose : partage, méditation, contemplation, artisanat, investissement artistique, valorisation de la modération, de la sobriété et de la gratuité, etc.
– Pour réordonner ses valeurs fondamentales : mettre en perspective les causes et les effets de la propension à « avoir » et à « faire » et envisager les manières d’ « être », de « vivre » pleinement et authentiquement sans nécessairement consommer, de « créer », de « prendre soin » et de « lutter/résister ».
– Pour élaborer ensemble une autre manière d’éduquer, de vivre à l’école, de vivre l’école, de façon aussi démocratique que possible, dans le partage descendant, ascendant et entre pairs, dans l’ouverture à des tiers (parents, acteurs de solutions alternatives invités ou rencontrés sur leur lieu d’exercice), dans un rapport au savoir vectorisé (qu’est-ce que je vais pouvoir en faire qui soutienne la vie sur Terre ?).

Renaud Hétier

 

Le 25 novembre
Espace studio
Le 25 novembre 2021 à 09h

Journée de formation destinée aux enseignants du secondaire en partenariat avec le rectorat de l'Académie de Besançon et la DRAEAAC.

Inscriptions auprès de Lucia Scalabrino (Rectorat – Direction de la formation) :
03 81 65 73 68

Cette journée bénéficie du soutien du programme européen de coopération transfrontalière Interreg France-Suisse 2014-2020 dans le cadre du projet CDuLaB.