Armida

Opéra où le doute n’empêche pas l’amour, qui n’empêche pas le doute.

Habituée aux créations pour les plus grands opéras d’Europe, la metteuse en scène Mariame Clément a conçu sa version d’Armida dans l’optique d’une tournée dans des théâtres de dimension plus modeste. Une occasion rare pour le public des 2 Scènes d’apprécier le travail d’une étoile montante de l’art lyrique.

Rinaldo, valeureux croisé, vit chez Armida, princesse des Sarrazins, dont il est amoureux. Devant une guerre imminente, il promet de combattre pour sa bien-aimée. Mais ses amis, Ubaldo et Clotarco, le rappellent à sa foi, ses serments et sa gloire. Dès lors, les hésitations de Rinaldo entre amour et devoir seront à la mesure de la douleur d’Armida. Au-delà de l’intrigue, somme toute minimaliste, d’un couple se déchirant, la mise en scène de Mariame Clément fait écho à la vision de Haydn, dont la partition subtile (composée en 1783) transcendait déjà les stéréotypes de genre – «la» femme intrigante et «le» héros vertueux – pour construire des individus qui doutent. Leurs tourments intérieurs sont ainsi soulignés par le sens de la théâtralité du compositeur. En donnant de la profondeur aux hésitations des protagonistes, l’orchestre – vingt-huit musiciens sur instruments d’époque, placés sous la direction de Julien Chauvin – devient un personnage du drame à part entière, aux côtés des six interprètes.