zabriskie point
1H50, ÉTATS-UNIS, 1970
AVEC MARK FRECHETTE, DARIA HALPRIN
Mark, un étudiant recherché par la police, vole un avion de tourisme. Il rencontre dans le désert une jeune femme, Daria.
Zabriskie Point demeure aujourd’hui encore un objet étrange, absolument de son époque (contestation politique, anti-consumérisme, rock psyché des Pink Floyd et du Grateful Dead) et néanmoins décalé. Tout en restant le regard braqué sur son axe utopique, Antonioni effectue un subtil pas de côté. Il y a ainsi deux films dans Zabriskie Point: une ode à la rébellion et à l’errance, sa belle jeunesse (sex-appeal dément du couple d’acteurs) et ses paysages désertiques où forniquent cent couples sous acide ; et un autre film, expérimental, insaisissable, biseauté, bref antonionien. Pas dupe, le cinéaste s’attache avant tout à saisir la mythologie d’un pays. Dripping de Pollock (l’explosion finale), à-plats désertiques de Rothko, piscines et villas californiennes de Hockney, panneaux publicitaires de Rosenquist... C’est toute la peinture américaine de l’époque qui est convoquée, comme si Antonioni voulait s’y mesurer et, avec ses propres outils, laisser lui aussi une trace dans cette mythologie. À revoir le film aujourd’hui, il y est incontestablement parvenu.
Jacky Goldberg, Les Inrocks