TWO LOVERS

Two lovers surprend plutôt par le genre abordé (a priori une petite comédie romantique) et sa trame à la simplicité confondante: un homme voit son train-train familial – et la femme qu’on lui propose en bonus sur un plateau – bouleversé par l’arrivée d’une charmante voisine.

Dès les premiers plans, quelque chose résiste à l’appel de la normalité qui semble guider l’irascible cinéaste depuis le succès de La Nuit nous appartient, et l’on sent bien que le plus beau film de l’année se dessine sous des airs de parenthèse un peu nonchalante. La présence d’un univers archi-signé et de Joaquin Phoenix ne sont qu’un leurre autour duquel va s’enrouler tout le film. La bizarrerie du comportement de Leonard (Joaquin Phoenix), attardé mental ou amoureux déchu, autant que la vitesse avec laquelle l’intrigue se met en place, ouvrent une poche d’étrangeté qui ne lâchera bientôt plus un récit empruntant malicieusement à Hitchcock (Sueurs froides et Fenêtre sur cour) pour déboucher sur le plus lancinant des ovnis. Gray n’a pas son pareil pour lessiver la comédie romantique de son fond trivial pour en faire revenir le plus indicible des mélodrames