TRILOGIE BILL DOUGLAS
Bill Douglas fait partie de ces cinéastes que l’histoire n’a pas retenus. Cet oubli est sûrement l’un des plus injustes qu’il nous ait été donné de remarquer. Quand il décède d’un cancer en 1991, à cinquante- quatre ans, le Royaume-Uni voit s’éclipser l’un de ses grands réalisateurs, de ceux qui laissent une empreinte indélébile dans la mémoire des spectateurs.
De son enfance marquée par le labeur et la pauvreté, il tirera la matière pour sa Trilogie. Ce bouleversant récit nous raconte le douloureux passage de l’enfance à l’adolescence de Jamie. Bill Douglas développe une esthétique particulière, très personnelle. À travers un travail stylisé sur le noir et blanc, cette économie de mots, cette expressivité des visages, il retrouve la puissante beauté des grands films muets. Chaque plan est travaillé telle une image du passé sortie d’un rêve, évocation d’un souvenir très aigu, et, bien que son ambition n’ait pas été de faire un film social, le besoin qu’a eu le cinéaste de dire précisément toute la vérité sur cette époque inscrit son œuvre dans l’histoire du cinéma britannique, aux côtés des premiers films de Ken Loach et de Stephen Frears.