PSYCHOSE
ALFRED HITCHCOCK – 1H49, ÉTATS-UNIS, 1960
AVEC ANTHONY PERKINS, JANET LEIGH, JOHN GAVIN
Dans la ville de Phoenix en Arizona, Marion Crane, employée modèle à la vie ordinaire, est chargée par son patron de déposer à la banque 40 000 dollars, résultat d’une transaction immobilière. Elle s’enfuit en voiture avec cette somme pour rejoindre son amant, avec lequel elle compte profiter de l’argent pour éponger leurs dettes et se marier. Un violent orage éclate alors, forçant Marion à s’arrêter dans un motel isolé...
Raconter l’histoire constitue un crime de lèse-Hitchcock. À la sortie du film, le maître avait exigé que les portes des salles soient fermées aux retardataires. Dans les cinémas, un message adjurait les spectateurs de ne rien révéler à leurs amis. Depuis, le succès a éventé le mystère. Pourtant, dans sa construction, Psychose reste un guet-apens effroyable et génial. D’abord, le récit coule comme un thriller banal. Des amants, un vol, une fugue. Et puis cette première intrigue s’interrompt brusquement à l’arrivée au motel. Même après cent rediffusions, les coups de couteau dans le rideau de douche, dramatique rupture de ton, surprennent toujours. D’un délit mineur au meurtre et à la folie, le réel devient perméable au monstrueux. Hitchcock expliquait à François Truffaut : « Je dirigeais le public, je jouais du public comme d’un orgue. » Sous ses doigts, la partition du film suit, crescendo, l’angoisse du spectateur. Élément central de cette danse macabre, celui-ci se trouve condamné à jouer le double jeu du témoin, complice et victime. La maison Bates recèle un secret d’autant plus redoutable qu’il devient le nôtre. Le génie d’Hitchcock est d’avoir fait de Psychose le chef-d’oeuvre de ses spectateurs.
Cécile Mury, Télérama