Mémoire d’un corps brûlant

Ana a l’âge où l’on peut enfin vivre pour soi. Après tant d’années passées sous le joug du père, du frère, du mari, elle vit sa vraie jeunesse, s’épanouissant dans une féminité enfin libérée. Elle nous transporte d’une époque à l’autre en évoquant les souvenirs d’une vie entre tabous, sentiment de culpabilité et désirs secrets.

Voici un film qui s’écoute au moins autant qu’il se regarde. Sur la bande-son, un chœur de septuagénaires entremêle leurs voix pour se remémorer leur vie affective, sexuelle, amoureuse, conjugale (ne coïncidant pas toujours, hélas) broyée par la violence d’une société patriarcale et religieuse. A l’écran, après une très belle ouverture en forme de making of du film à venir, une femme d’un certain âge arpente son appartement, visitée par les spectres de son existence. La mise en scène – longs mouvements fluides – rend ce ballet mémoriel et intimiste magnifiquement sensuel. Entre documentaire et fiction, la cinéaste costaricaine Antonella Sudasassi Furniss livre avec Mémoires d’un corps brûlant une réflexion esthétique sur le tabou de la sexualité féminine à la fois réjouissante et d’une originalité absolue.
Xavier Leherpeur, Le Nouvel Obs