Lulu femme nue
Sólveig Anspach - 1h27, France, 2014
Avec Karin Viard, Bouli Lanners, Claude Gensac
Mère de trois enfants, mariée à un homme qui la traite pire qu’un chien, Lulu s’est perdue de vue. Au sortir d’un d’entretien désastreux durant lequel elle s’est fait à nouveau malmenée, Lulu lâche prise, laisse passer le train du retour et décide, à la façon des enfants, de laisser venir… Dans le petit port qui lui sert de refuge, elle retrouve un semblant d’indépendance – le confort d’une chambre d’hôtel, la chaleur inattendue d’une conversation, le plaisir simple de contempler le paysage. Lulu s’attarde, un jour puis deux… En chemin, elle va croiser des gens qui sont, eux aussi, au bord du monde. Des rencontres décisives qui vont aider Lulu à retrouver une ancienne connaissance qu’elle a perdu de vue : elle-même.
Après Queen of Montreuil, Solveig Anspach, qui adapte ici la BD d’Etienne Davodeau, renoue avec le minimalisme des décors qu’elle affectionne, villages déserts, campements improbables, paysages épurés et sublimes, sans renoncer, il s’en faut, au formidable élan d’humanité qui traverse toute son œuvre. S’attarde sur des petits riens qui sont tout, de petites gens qui sont immenses, et des gestes anodins qui rendent leur sens à la vie. D'une histoire de rien, Sólveig Anspach fait une aventure merveilleuse. D'un coup de blues, une échappée belle. D'une femme ordinaire, une reine d'un jour. D'une smicarde, une naïade. Et d'une solitude vers laquelle convergent d'autres solitudes, l'invisible instrument de la fraternité, de la liberté. Voici un film qui rend heureux.
Marie-Élisabeth Rouchy et Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur