L’INVAINCU (APARAJITO)

Dans le deuxième volet de la trilogie, Apu a 10 ans et il est installé avec sa famille à Bénarès. Sur les escaliers qui dominent le Gange, son père gagne désormais sa vie en lisant des textes sacrés. Suite au décès inattendu de ce dernier, sa mère décide alors de retourner vivre à la campagne. Devenu un élève brillant, Apu décroche une bourse et part étudier à Calcutta, laissant sa mère déchirée par le chagrin.

C’est l'histoire d'une société en voie de transformation que Satyajit Ray a visiblement eu l'ambition de dépeindre à travers les aventures de son jeune héros. Quoi qu'il en soit, c'est par ce qu'il nous révèle de l'âme indienne et de son actuelle évolution, c'est par le témoignage qu'il porte avec une sensibilité à la fois très proche et très éloignée de la nôtre, que cet Aparajito séduit et retient notre attention. Du point de vue cinématographique, l'ouvrage se rattache plus ou moins directement au néo-réalisme italien. L'action est réduite au strict minimum. Elle se développe sous la forme d'une lente et minutieuse chronique de la vie du héros. Le moindre incident, le moindre détail, est mis en valeur. De ce foisonnement de notations naît une poésie qui dépasse le simple réalisme où la peine et l'espoir des hommes s'y trouvent puissamment chantés.
Jean de Baroncelli, Le Monde