LES DIABOLIQUES
1H54, FRANCE, 1954
AVEC NOËL ROQUEVERT, SIMONE SIGNORET, VERA CLOUZOT
Un directeur de collège odieux terrorise tout le monde, sa femme comme sa maîtresse. Les deux femmes concluent un pacte et le tuent. Peu de temps après des événements étranges se produisent.
Le réalisme maniaque de Clouzot réhausse une absence, comme s’il s’agissait de faire (re)vivre la mort, de voir s’incarner le mauvais démiurge qui a damné tout ce monde là. Le secret de cette obsession, il est peut-être dans la photo de classe où se dessinent les traits du directeur disparu : là où toute instance morale s’est absentée, il faut que le temps s’arrête pour qu’on voie enfin qui occupe la place du mort, qui nous regarde… Mais c’est malgré tout ce qui rend fascinants ces Diaboliques : on a affaire à un naturalisme en morceaux, comme miné par un cancer qui en disperserait les fragments, qui partirait dans tous les sens sur la trace d’une invraisemblable réalité. C’est tout un cinéma qu’on voit mourir ici, et qui se complait à détacher une à une les pièces du décor.
Noël Herpe, Libération