Le paradis
ALAIN CAVALIER - 1H10, FRANCE, 2014
Deux mini-dépressions de bonheur, plus l’attente de la troisième, suffisent à un cinéaste pour croire en une certaine beauté de la vie, ce qui entraîne un plaisir de la filmer. Alain Cavalier cherche à s’approcher de l’acceptation lumineuse d’être mortel.
Tout est filmé sans hiérarchie, sans préférence: humains, arbres, dieux, maisons, jouets, légendes… à condition que l’amour veille. L’innocence c’est le problème. Le cinéaste a perdu une partie de cette matière de base. La repérer chez certains et ne pas la leur faire perdre devant la caméra, c’est si fragile.
Le cinéaste, conteur sans égal, désacralise les légendes et les fait entrer de plain-pied dans la réalité. [...] Ce double mouvement du petit vers le grand et du grand vers le petit, de la matière à sa métaphore et du mythe à l'expérience, n'est pas la moindre beauté de ce film époustouflant qui, avec trois fois rien, nous invite en toute intelligence à déceler le miracle dans la moindre parcelle de notre environnement.
Mathieu Macheret, Le Monde