LE MONDE D’APU (APUR SANSAR)
1H40, INDE, 1959
AVEC SOUMITRA CHATTERJEE, SHARMILA TAGORE, SWAPAN MUKHERJEE
Calcutta, 1930. Apu rêve de succès littéraire, mais faute d’argent il doit interrompre ses études et affronter le monde du travail. À la suite d’un accès de folie du jeune marié, Apu, venu en tant que simple invité à un mariage, se voit contraint d’épouser la jeune femme pour lui éviter le déshonneur. Malgré les difficultés économiques du ménage, ce mariage précipité se transforme en un profond amour. Mais ce bonheur lui sera brutalement retiré...
Ce troisième volet de la trilogie d’Apu s’inscrit avec perfection dans la continuité de l’ensemble et aide à en dégager le sens. À chaque étape de sa vie, Apu a dû perdre ou quitter ce qu’il chérissait le plus au monde. Ces épreuves, qui font de la trilogie une saga lyrique de la souffrance et de la frustration, ont pu souvent désespérer Apu, mais ne l’ont jamais rendu amer. Elles lui ont enseigné les vérités fondamentales de la vie et, lorsque nous le quittons, il est devenu un homme à peu près réconcilié avec lui-même et avec le monde. Comme chez Ozu, la maturité de l’art de Satyajit Ray a exigé autant de travail et d’effort pour atteindre la perfection que pour faire oublier qu’elle l’atteint. C’est alors au spectateur d’accorder à ses films un peu de cette attention précieuse dont l’auteur fait constamment preuve vis-à-vis de son sujet, de ses personnages et de la réalité.
Jacques Lourcelles, Dictionnaire du Cinéma