LE LÂCHE
1H10, INDE, 1965
AVEC SOUMITRA CHATTERJEE, MADHABI MUKHERJEE, HARADHAN BANERJEE
Comme il se rend à Hashimara pour préparer un film, Amitabha tombe en panne dans une petite ville. Recueilli pour la nuit par le propriétaire d’une plantation de thé, il reconnaît en son épouse une femme qu’il avait aimée puis abandonnée et qui vit, aujourd’hui, insatisfaite de son mariage.
Le Lâche est une sorte de revers sombre du lumineux Charulata. À travers le portrait de l’épouse et celui de son époux médiocre, hilare et alcoolique, Satyajit Ray transmet aussi une vision pessimiste du chemin parcouru par la société indienne depuis les promesses de la «révolution bengalie», celle qui formait l’arrière-fond intellectuel plein d’espoirs de Charulata. Le Lâche en actualise les conflits à la fois intimes (ceux des amants séparés par le temps) et collectifs (Calcutta qui a fait le choix de la modernité, contre la campagne conservatrice), mais cette «actualisation» est un échec: le poète de Charulata, devenu scénariste […] ne parvient plus à donner vie au passé […] et l’épouse n’a gagné aucune autonomie dans l’Inde contemporaine malgré ses études à la faculté des arts.
Max Robin, Critikat