LE CORBEAU

1H32, FRANCE, 1943
AVEC PIERRE FRESNAY, GINETTE LECLERC, HÉLÉNA MANSON

Un médecin dans un petit village est accusé d’adultère et de pratique illégale de l’avortement par un corbeau. Les lettres se multiplient et tous les habitants sont bientôt touchés par ces rumeurs.

Clouzot brosse un tableau au vitriol de la France occupée. L’ennui, c’est que le film sort sur les écrans en 1943 et donne lieu à de vives polé­miques dans une France qui souffre alors de la délation (à ce moment, la Gestapo reçoit chaque jour des montagnes de lettres de dénon­ciation). Autre problème : ce film maudit est produit par la Continental, une firme française... aux capitaux allemands. S’agit-il d’une œuvre de propagande ? Une chose est sûre : ce film méchant et nihiliste ébouillante ses convives. Il déplaît à la fois à la Kommandantur (qui reproche à Clouzot de décourager les auteurs de lettres anonymes), aux cercles catholiques de Vichy, qui trouvent le film amoral, aux résistants et aux communistes. Avec cet oiseau noir de malheur, Clouzot met à mal notre confort moral, sonde les tréfonds de l’âme humaine, épingle la bêtise et l’hypocrisie. Et dénonce la foule braillarde, stupide, aveugle, prête à lyncher dans un mouvement de colère le premier venu. Témoignage sur une période extrêmement trouble, le film présente une galerie de person­nages antipathiques, ambigus et potentiellement coupables d’être l’anonymographe. C’est un jeu de massacre mais aussi une œuvre anti-manichéenne. Pierre Larquey, phénoménal, y disserte d’ailleurs sur le bien et le mal : « Où est l’ombre, où est la lumière ? » s’interroge le psychiatre en faisant se balancer une lampe de gauche à droite. Un monument d’inconfort. Et peut-être le meilleur film de son auteur.
David Mikanowski, Le Point

AVANT-PROGRAMME :  BRASIL, COURT MÉTRAGE INÉDIT D’HENRI-GEORGES CLOUZOT 1950, 10 min

 

Du 9 au 15 janvier
Le 9 janvier 2018 à 20h30
Le 15 janvier 2018 à 18h30
de 2,50 à 5€