HAEWON ET LES HOMMES
1H30, CORÉE DU SUD, 2013
AVEC JUNG EUNCHAE, LEE SUNKYUN, YU JUNSANG, JANE BIRKIN
Haewon, une jeune et belle étudiante, veut mettre fin à la liaison qu’elle entretient avec son professeur Seongjun. Se sentant déprimée par le départ de sa mère qui part s’installer au Canada, elle le contacte à nouveau. Ce jour-là, ils rencontrent des étudiants dans un restaurant et leur relation est révélée. Haewon est de plus en plus perturbée et Seongjun émet l’idée qu’ils partent ailleurs tous les deux...
Le quatorzième film d’Hong Sang-soo est d’une grâce infinie. Comme il utilise toujours les mêmes éléments (quelques décors, filmés sous des angles différents), les mêmes touches drôlatiques et douloureuses (quiproquos, gêne et engueulades), les mêmes figures (rimes et assonances), les mêmes scènes (les bitures au soju), les mêmes personnages d’un film à l’autre (le metteur en scène de cinéma/professeur veule et lâche), nous finissons par nous sentir chez nous. Comme dans tous ses films, Hong Sang-soo met aussi en scène un personnage pris entre plusieurs amours. Alors pourquoi nous réjouissons-nous de revoir le même spectacle ? Parce qu’il est toujours différent, tout entier dans l’idée d’assemblage. Il y a quelque chose de mathématique, de conceptuel dans ce cinéma pourtant si proche, au premier abord, d’une bête et simple description de nos vies quotidiennes. Hong Sang-soo compose ses films comme une partition, limitant volontairement le nombre de ses “notes” de cinéma, effectuant des variations infinies sur le même thème dont nous savons qu’il est lui-même infini: l’amour.
Jean-Baptiste Morain, Les Inrocks