fifi hurle de joie
MITRA FARAHANI – 1h38, ÉTATS-UNIS/FRANCE/IRAN, 2013
Exilé à Rome depuis 1954 pour échapper aux persécutions, le peintre Bahman Mohassess est une légende de l’art moderne iranien dont l’oeuvre a été détruite (en grande partie par lui-même), mutilée, mise en morceaux, au minimum censurée par les différents régimes de son pays natal. Lorsque la cinéaste Mitra Farahani le retrouve dans sa chambre d’hôtel italienne, elle découvre un vieil homme qui ne crée plus depuis longtemps. Deux mois avant sa disparition, Bahman Mohassess accepte de livrer le récit de sa vie devant la caméra alors qu’il s’apprête à réaliser son oeuvre ultime, commandée par deux admirateurs, artistes eux-mêmes, venus d’Iran.
L’obsession de faire un film sur Bahman Mohassess m’habitait depuis longtemps. J’ai toujours été attentive au paradoxe saisissant entre son poids dans l’Histoire et son isolement – voire sa disparition – volontaire. Mon obsession personnelle était celle de tendre avec lui vers l’instant ultime de la création. Mais progressivement, son obsession à lui, de trouver une occasion appropriée pour “quitter la scène” devint toute aussi importante. Aujourd’hui, c’est comme si le film essayait de contenir encore quelque temps cette présence monumentale de Mohassess, prête à exploser.
Mitra Farahani