Concert Oswald d'Andréa Bertrand Tavernier
Concert Oswald d'Andréa Bertrand Tavernier
Concert Oswald d'Andréa Bertrand Tavernier
Concert Oswald d'Andréa Bertrand Tavernier

Concert hommage à Oswald d'Andréa

ORGANISÉ PAR L’ASSOCIATION L’AMANDIER

Oswald d’Andréa vit dans les environs de Besançon. Il a composé pour Bertrand Tavernier les musiques de Capitaine Conan et La Vie et rien d’autre récompensée d’un César. Il a aussi marqué la scène musicale avec ses orchestrations et arrangements pour Georges Brassens mais aussi Boby Lapointe, Catherine Sauvage, Anna Prucnal, Maurice Fanon. À l’occasion de son 80e anniversaire, l’association L’Amandier organise diverses manifestations et concerts pour retracer l’itinéraire de ce témoin et acteur de plus d’un demi-siècle de la vie artistique et musicale.

Commençons, une fois n’est pas coutume, par un peu d’auto promotion. Dans le blog que je tiens sur le site de la SACD et qui est consacré aux films des autres, un internaute a oublié la consigne et a écrit cet éloge de La vie et rien d'autre :

« Je viens de revoir La vie et rien d’autre ce soir avec ma femme qui ne l’avait jamais vu et nous avons été bouleversés par le récit si tendu et en même temps si vital. L’écriture est superbe et le travail sur les décors incroyables nourrit de manière concrète, matérielle cette coexistence. Et vos acteurs! De l’impérial, tellement subtil Philippe Noiret à une frémissante Sabine Azéma en passant par François Perrot dépassé par les événements ou Michel Duchaussoy raide et militaire sans oublier Maurice Barrier que je crois revoir sur le marché d’Avallon il y a bien des années… et cette musique virtuose d’Oswald d’Andréa qui se nourrit du souvenir d’une guerre pour mieux signifier l’importance de la vie. Elle se met dans l’oreille comme l’avait fait aussi la musique de India song de Marguerite Duras. »

Si je cite ce texte si élogieux, c’est que contrairement à 90% des critiques, son auteur parle de la musique et la cite. Il y revient même quelques jours après : « Quel beau film, Bertrand, quel beau film… merci. Et je comprends que Philippe Noiret ait pu placer très haut ce rôle. Ma femme me disait qu’elle ne l’avait jamais vu ainsi et trouvait qu’il pouvait ici jouer sur des variations infimes aussi bien que sur des contrastes. Le changement de son expression à maints moments relève du miracle alchimique de l’acteur: quand il s’écrie « les salauds, les salauds », quand il chante pour fuir Sabine Azéma, quand il n’arrive pas à dire « je vous aime » et prononce un « je vous écoute » terrifié… tout cela est extraordinaire et devrait être montré dans des cours d’art dramatique.
 Quant à la puissance émotionnelle de la séquence finale avec cette lettre magnifique elle emporte tout sur son passage et pour longtemps. Quant à la musique , je lui trouve des liens avec les plus belles partitions de Maurice Jaubert mais cela reste du Oswald d'Andréa, à savoir un musicien de cinéma rare et précieux. »

Voilà une introduction chaleureuse et méritée pour saluer Oswald. Je l’avais découvert, du moins c’est ce que je croyais, en écoutant ses interventions, ses ponctuations, dans le Juge Fontane cette série écrite par Jean Cosmos, futur scénariste de La vie et rien d'autre. Et je trouvais que son écriture musicale était intelligente et qu’elle faisait des miracles avec les moyens misérables qu’offrait la télévision. Mais Jean me fit remarquer que j’avais déjà apprécié le travail d’Oswald au théâtre, au TEP. C’est lui qui avait orchestré, arrangé, dirigé la musique de Kurt Weil pour L'Opéra de quat' sous (j’ai toujours le CD avec Maurice Barrier en Mackie) et celle de Sainte Jeanne des Abattoirs. Quelqu’un qui connaissait l’univers musical de Weil ou Dessau, cela me semblait convenir parfaitement pour accompagner, éclairer, approfondir le sujet de La vie et rien d'autre (et celui ensuite de Conan). Je pensais à Kurt Weil, je pensais à Maurice Jaubert et voyais en Oswald d’Andréa quelqu’un qui pouvait perpétuer ce qu’avaient écrit ces compositeurs mais avec une touche, une couleur personnelle. Ce qu’il réussit magnifiquement. La partition syncopée et lyrique qu’il écrivit pour La vie et rien d'autre épousait à la fois la recherche frénétique, obsessionnelle du Commandant Dellaplane et le besoin d’amour d’Irène. Le monde des morts et les premiers pas maladroits, bouleversants que font certains personnages et à travers eux, tout un pays, pour apprivoiser la paix. La musique mélange des pulsations rythmiques et des élans d’une grande ampleur qui me prennent à la gorge dès le générique et qui culminent pendant la lecture de la lettre et le générique de fin.

Écoutez aussi dans Conan tous ces moments où Oswald d’Andréa jouant avec des pianos invente ces thèmes lancinants qui ponctuent les patrouilles en ville de Norbert, ce sale boulot qu’il faut refaire tous les jours. C’est une musique qui capture l’énergie dont on a besoin pour se remettre à la tache, qui en montre la futilité. Dans une couleur différente, le somptueux Agnus Dei éclaire de façon poignante les conséquences d’une bataille, le prix qu’il faut payer. À la toute fin, pendant que la camera quitte un champ de bataille, s’attarde sur un visage de femme et découvre l’océan, Oswald écrit une magnifique pièce symphonique, une des seules qui ne soit pas permissive et résume toutes ces couleurs dans le magistral générique fin.

Je pense que tous les deux, on peux être fier de cette collaboration et j’ai gardé un souvenir émerveillé de la première séance d’enregistrement, sous le Palais des Congrès, du professionnalisme d’Oswald, de la manière dont il mit en boîte le premier numéro. J’ai aussi gardé un souvenir où l’hilarité le disputait à la panique, de son désarroi à Bucarest quand il découvrit que les musiciens roumains venaient aux répétitions sans leurs instruments.

Et je suis content de venir lui rendre hommage à Besançon.

Bertrand Tavernier, juillet 2014

Grand Kursaal
Le 15 octobre 2014
Mardi 14 octobre 2014 à 20h30
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