Cinékino | La Salle des profs
İlker Çatak – 1h39, Allemagne, 2023
avec Leonie Benesch, Michael Klammer, Rafael Stachowiak
Alors qu’une série de vols a lieu en salle des profs, Carla Nowak mène l’enquête dans le collège où elle enseigne. Très vite, tout l’établissement est ébranlé par ses découvertes.
L’intrigue pourrait aisément se réduire au cas de conscience d’une enseignante idéaliste qui croit aux valeurs du dialogue et à la cohésion du groupe à la faveur de l’apprentissage des choses de la vie. Le film vise plus loin. Pris dans son ensemble, le collège évoque une société en miniature, avec ses organes de pouvoir politique et judiciaire, ses partis, ses médias (le journal du collège), ses communautés, ses générations… Nowak se retrouve prise dans un entrelacs de chausse-trapes dont chaque issue de secours semble verrouillée à double tour. Dès lors, la mise en scène procède d’un face-à-face entre la professeure, dont les propos nuancés restent inaudibles par les tenants du politiquement correct, et le reste du collège, pris dans une transe inarrêtable qui le pousse à œuvrer sans réfléchir. Cette fable philosophique sur la pensée unique dit aussi beaucoup du racisme « ordinaire » envers les Polonais (Carla Nowak vient d’une famille polonaise de Westphalie, parle couramment l’anglais et le polonais...) en cours en Allemagne. Alors qu’à chaque moment on sent poindre l’explosion, la force du film consiste à conférer suffisamment d’impondérables à son récit pour maintenir l’attention. Dans une mise en scène au cordeau, La Salle des profs, rivé au visage de l’actrice principale de plus en plus isolée, se maintient à la frontière de la réalité et du mensonge, transformant le collège en zone d’hallucination, métaphore d’une société diablement polarisante.
Maroussia Dubreuil, Le Monde
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