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Préhistoire de la conquête spatiale

Le cosmisme russe expliqué aux enfants

publié le 19/03/2019

À l’occasion de Volia Panic d'Alexis Forestier – compagnie les endimanchés, nous avons eu le plaisir, avant un « quizz conquête spatiale » organisé par nos collègues de Fabrikà Sciences, de proposer la conférence :  Le cosmisme russe expliqué aux enfants.

 

« Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? »

Avant, il faisait très chaud et tout était opaque. Puis la température a refroidi. Le cosmos est devenu transparent et les étoiles sont apparues. Les planètes se sont formées et grâce à la gravitation, se sont mises à tourner autour des étoiles.

À L'ÉPOQUE PRÉHISTORIQUE...

Avant la méthode scientifique. Les gens étaient plus intuitifs. Plus contemplatifs. Les hommes préhistoriques devaient se poser des questions du genre : où va le soleil quand il passe derrière l’horizon ? de quoi sont faits tous ces points lumineux ? pourquoi la lune change-t-elle de forme ?

On imagine bien que nos ancêtres, qui voyaient autour d’eux des oiseaux, des insectes, ont rêvé de voler eux aussi. Mais le vol humain est arrivé très tard dans l’histoire… Peut-être parce que le désir de s’envoler s’accompagne forcément de la peur de chuter. Le mythe d’Icare en est l’illustration.

RÉVOLUTION AÉRIENNE

À partir du XVIIIe on se lance sérieusement dans la conquête des airs. Parlons un peu technique ! Il y a deux grandes catégories d’appareils volants : les « plus légers que l’air », la plus ancienne et les « plus lourds que l’air », la plus moderne.

Un jour, Gustave de Ponton d’Amécourt, inventeur d’un prototype d’hélicoptère, a dit : « On cherchera vainement à résoudre le problème de la navigation aérienne tant qu'on ne commencera pas par supprimer le ballon. Il faut trouver le moyen de s'élever dans les airs et de s'y diriger grâce à un appareil mécanique plus lourd que l'air... C'est par un tel mécanisme que l'oiseau vole, ce n'est pas à l'aide d'un gaz plus léger que l'air »

Alors les oiseaux oui, mais pourquoi pas les chauves-souris ?

MAIS COMMENT VOLER DANS L'ESPACE?

Quelle que soit l’excellence de ces réalisations, plus léger, ou plus lourd que l’air, le problème, justement, c’est que de l’air dans l’espace, il n’y en a pas. L’espace c’est le vide. Impossible d’y planer, les ailes n’ont rien pour s’appuyer et les hélices tournent dans le vide.

Étonnamment, en Russie, ces problèmes techniques semblent passer au second plan. Quelque chose de mystérieux semble donner des ailes aux chercheurs... Et ce sont bien les russes qui, les premiers, ont réalisé ce vieux rêve de l’humanité : envoyer un homme dans l’espace. Alors pourquoi les russes ont-ils réussi les premiers ? Et bien, ce n’est pas seulement leur supériorité technique qui l’a permis, c’est davantage leur vision philosophique de l’existence. En Russie, la recherche scientifique a été déterminée par des idées philosophiques, voire religieuses, qui ont engendré un système d’interprétation du monde différent du nôtre, une vision qui combine à la fois « attachement à la terre », au sol, mais aussi « attraction de l’espace ».

EST CE ENFIN LA SOLUTION MIRACLE ?

Un homme jouera un rôle important dans le développement de cette vision que l’on appellera plus tard le cosmisme russe. Il s’appelle Nicolaï Fiodorov. Il est bibliothécaire à Kalouga où il va écrire un livre dans lequel il explique que l’homme pourrait devenir immortel et que la science permettra même de ressusciter les morts. La terre étant alors trop petite pour contenir toute l’humanité ressuscitée, il avait imaginé que  celle-ci irait peupler les autres planètes, d’où la nécessité de construire des moyens de transport adéquats ! Pour lui l’homme était maître absolu de l’univers. Nicolaï Fiodorov a eu de nombreux disciples parmi lesquels on trouve Constantin Tsiolkovski.

L'AUTODIDACTE DE GÉNIE

Ce fameux Constantin Tsiolkovski, disciple de Nicolaï Fiodorov a dit : «  La Terre est le berceau de l'humanité, mais on ne passe pas sa vie entière dans un berceau ».

Toute sa vie il a cherché la solution pour envoyer l’homme dans l’espace. Mais tout restait théorique car il n’avait pas les moyens de tester grandeur nature les fusées et les moteurs à réaction qu’il imaginait. Il disait : « Les fusées ne sont pour moi qu’un moyen, seulement une méthode pour pénétrer dans la profondeur du Cosmos, mais ce n’est pas un but en soi. Je ne conteste pas qu’il est très important d’avoir des fusées, car elles aideront l’humanité à étudier l’espace cosmique, à prendre pied dans la Galaxie. Et moi aussi je fais des recherches dans ce but. Mais s’il y avait un autre moyen de se déplacer dans le Cosmos, je le prendrais… L’essentiel est de nous envoler de la Terre et d’aller habiter le Cosmos ».

Constantin Tsiolkovski était un autodidacte de génie et les intuitions qu’il exposa dans ses ouvrages sur les procédés techniques de construction des moteurs-fusées trouvèrent plus tard des applications concrètes. Dès 1903 il formulait sa théorie qui analysait le mouvement des corps dans l’espace et indiquait exactement le processus des vols de fusées et des spoutniks et de leurs retours sur la terre. Mais Constantin Tsiolkovski était aussi parfaitement conscient des « risques du progrès ».

Et comme Dédale avec son fils Icare, Constantin Tsiolkovski, disciple de Nicolaï Fiodorov semble nous mettre en garde  : « Dans les mains d’un ingénieur talentueux, une fusée peut se transformer en une arme dangereuse, mille fois plus puissante que n’importe quelle pièce d’artillerie »...

En voici quelques extraits, illustrés par Jean-François Devat.

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