Hiroshima mon amour

1H31, FRANCE, 1959
AVEC EMMANUELLE RIVA, Eiji OKADA

Une main de femme caresse et griffe une épaule masculine, deux corps s’étreignent. Des images s’interposent qui témoignent des ravages de la première bombe atomique sur Hiroshima. C’est le matin. L’homme et la femme ne se connaissent pas. Lui est japonais, elle est française, et doit repartir le lendemain. Nourri du souvenir d’une autre histoire, l’amour va surgir entre eux. Dans cette douloureuse quête de la mémoire, cette lutte à la fois pour et contre l’oubli, la réalité et le temps de l’histoire se décomposent, se fragmentent, se morcellent, sous l’emprise envoûtante du défi irrécusable de l’amour.

Peu de films ont marqué l’histoire du cinéma comme le premier long métrage d’Alain Resnais. À sa sortie en 1959, Hiroshima mon amour sidère par sa nouveauté, son audace politique, morale et esthétique. Politique, car Resnais y affronte un événement historique majeur en déstabilisant le discours dominant sur la mémoire. Moral, par l’invention d’un personnage de femme moderne, dont le petit drame personnel est mesuré à la grande catastrophe collective. Esthétique, car Resnais invente une modernité radicale en bouleversant les lois du récit et de la temporalité classiques. L’importance du film tient aussi à la collaboration entre Marguerite Duras et Alain Resnais, qui ouvre de nouvelles possibilités de dialogue entre les écritures littéraire et cinématographique. Mais au-delà de sa place dans l’histoire, si Hiroshima mon amour bouleverse encore aujourd’hui, c’est par l’intensité des affects qui emportent les personnages. Tressant les mots aux images, Duras et Resnais ont incarné, révélé la complexité d’un flux ininterrompu de la pensée, dans l’évidence de la chair et du sensible.
Cyril Neyrat

Du 4 au 12 mars
Le 4 mars 2019 à 16h
Le 5 mars 2019 à 18h30
Le 8 mars 2019 à 16h45
Le 12 mars 2019 à 20h30
de 2,50 à 5€
SUIVI D’UNE ANALYSE PAR JOSETTE LASSERRE, vendredi 8