territoire de la liberté

Loin de la grisaille et de l’agitation de la ville existe un autre territoire.Un territoire où se mêlent fête, escalade et nature sauvage. Un territoire où se réfugier, s’aventurer, vivre ensemble. Un territoire où l’on vit, où l’on respire ce qui en Russie n’a jamais existé: la liberté.

Territoire de la liberté fouette le sang et ravive notre soif d’utopie. On voudrait être là, avec les habitants des Stolbys, dans une isba. On souhaiterait boire et chanter avec eux. On aimerait débattre sans fin, sans jamais se prendre trop au sérieux, sur le sens du concept de liberté, ce mot si vague. Par une nuit glacée, on désirerait le peindre, ce mot, à même une haute falaise, à la lumière des torchères, le froid et la vodka fleurissant ensemble dans la buée de nos bouches. Nous serions lyriques alors, mais tellement ironiques aussi, tellement fatalistes, tellement certains que le Kremlin se tamponne de nos clowneries sentimentales. Tellement conscients qu’à quelques distances de là, à Krasnoïarsk (un ancien centre du Goulag), la police et le béton oppriment nos concitoyens. Nous serions russes, enfin, sauvages et hautement civilisés, fraternels et furieusement moralistes. Nous serions hommes, nous habiterions la terre. Territoire de la liberté fait partie de ces films rares qui nous offrent le monde. Jean-Christophe Ferrari, Positif