COMRADES

BILL DOUGLAS - 3H, ROYAUME-UNI, 1987
SÉANCE D'OUVERTURE

Grande-Bretagne, 1834. George Loveless et ses amis laboureurs sont de plus en plus exploités par les propriétaires terriens. Ils créent en secret la Société Amicale des Laboureurs. Dénoncés, six d’entre eux sont condamnés à la déportation.

Bill Douglas (1934-1991) était né misérable dans un faubourg minier d'Edimbourg — il a raconté sa jeunesse dans la superbe trilogie My childhood/My ain folk/My way home, reprise en salles puis en DVD l'an dernier. La pauvreté et l'obsession de la justice sociale sont au cœur de son dernier film, Comrades, enfin distribué en France un quart de siècle après sa sortie modeste au Royaume-Uni: l'ultralibéralisme de Margaret Thatcher triomphait alors... Pendant plus de trois heures qui semblent trop courtes, Bill Douglas reconstitue le martyre de six fermiers anglais qui, pour avoir réclamé des augmentations de salaire et créé en secret la « Société amicale des laboureurs » en 1834, furent condamnés à la déportation en Australie par un tribunal aux ordres des propriétaires terriens. Il rend hommage à ces syndicalistes en peintre autant qu'en cinéaste. Il magnifie les couleurs douces des paysages du Dorset pendant les moissons ou sous la neige et restitue la lumière crue des antipodes dans des plans composés comme des tableaux.
Le cinéaste parvient à éviter le prêchi-prêcha révolutionnaire grâce à un superbe « fil rouge » poétique. L'épopée des « camarades » est scandée par le récit d'un montreur d'ombres itinérant, interprété par Alex Norton. À chacune de ses apparitions correspond une nouvelle machine optique qui préfigure l'arrivée du cinéma (diaporama, lanterne magique, appareil photo très expérimental...). Magnifique façon de montrer que l'art accompagne l'humanité dans son rêve d'une vie meilleure et sublime cet idéal de fraternité. Dans une des scènes les plus émouvantes du film, une mère réconforte sa petite fille par ces mots: « Il suffit de s'aimer les uns les autres pour savoir ce qu'on doit faire. » C'est la profession de foi qui est gravée sur la tombe de Bill Douglas.

Samuel Douhaire, Télérama

L'intégralité du programme des Rencontres du CCPPO

 

Le 6 novembre
Le 6 novembre 2015 à 20h45
de 2,50 à 5€