Tel Aviv on fire
SAMEH ZOABI – 1H37, ISRAËL, 2019
AVEC KAIS NASHEF, LUBNA AZABAL, MAISA ABD ELHADI
Salam, 30 ans, vit à Jérusalem. Il est Palestinien et stagiaire sur le tournage de la série arabe à succès «Tel Aviv on Fire» ! Tous les matins, il traverse le même check-point pour aller travailler à Ramallah. Un jour, Salam se fait arrêter par un officier israélien Assi, fan de la série, et pour s’en sortir, il prétend en être le scénariste. Pris à son propre piège, Salam va se voir imposer par Assi un nouveau scénario. Évidemment, rien ne se passera comme prévu.
Les plus férus en matière cinématographique auront d’ores et déjà identifié cet oiseau rare, auteur d’une première comédie, Téléphone arabe, sortie sur les écrans français en 2012. On repérait alors en Sameh Zoabi un épigone du somptueux Elia Suleiman (Intervention divine, 2002). Même origine (Nazareth et ses environs), même attention au sort très particulier de la communauté « arabe-israélienne », même humour surréaliste taillé dans la trivialité la plus sordide, même quête d’une normalité ontologiquement inatteignable dans l’univers israélien. Face à l’insoutenabilité de l’histoire, Sameh Zoabi se déplace sur le terrain de la métahistoire. La guerre des Six-Jours – advenue il y a plus de cinquante ans – requalifiée à l’aune d’un suspense sentimental. La guerre des récits nationaux transformée en rivalité scénaristique. Sans doute pourrait-on reprocher à Sameh Zoabi cette fuite hors de la réalité. Il nous semble, au contraire, que la justesse de son point de vue consiste à montrer que l’empoisonnement qui touche ce territoire relève précisément de l’antagonisme des imaginaires. Aussi bien pourrait-on le remercier, en appréciant l’immense mérite qui lui revient à la place qui est la sienne, d’y apporter cette touche de réconfort et d’amabilité.
Jacques Mandelbaum, Le Monde