GASPARD VA AU MARIAGE

ANTONY CORDIER - 1H43, 2018
AVEC FÉLIX MOATI, LAETITIA DOSCH, CHRISTA THÉRET, GUILLAUME GOUIX

Après s’être tenu prudemment à l’écart pendant des années, Gaspard, 25 ans, doit renouer avec sa famille à l’annonce du remariage de son père. Accompagné de Laura, une fille fantasque qui accepte de jouer sa petite amie le temps du mariage, il se sent enfin prêt à remettre les pieds dans le zoo de ses parents et y retrouver les singes et les fauves qui l’ont vu grandir... Mais entre un père trop cavaleur, un frère trop raisonnable et une sœur bien trop belle, il n’a pas conscience qu’il s’apprête à vivre les derniers jours de son enfance.

Avec Gaspard va au mariage, hanté par toutes sortes de chimères, le réalisateur Antony Cordier accède à une drôlerie poétique absente de ses deux premiers longs métrages, Douches froides (2005) et Happy Few (2010). Gaspard, incarné par Félix Moati, est un garçon d’aujourd’hui, encore libre comme l’air mais pas léger pour autant. Laetitia Dosch, la révélation du récent Jeune femme, aux accents imprévisibles et délicieusement énervants, permet au film de quitter, dès les premières minutes, les rails du naturalisme. Sur place, la maison familiale, située au milieu du zoo, a tout d’un vieux coffre plein de jouets cassés. L’entreprise coule. Les frère et sœur restent englués dans leur enfance. Lui (Guillaume Gouix) se dévoue entièrement à ce zoo qu’il a toujours connu. Elle (Christa Théret) aussi, en s’identifiant, qui plus est, à une ourse dont elle garde en permanence la fourrure sur elle, façon Peau d’âne... La proximité entre les hommes, les animaux et la nature, discrètement féerique, ou maléfique, renvoie sans cesse à l’univers des contes, transgressions incluses. De fait, chaque personnage se retrouve bientôt devant une frontière invisible, contraint à se métamorphoser. Et le film captera la dernière étreinte familiale avant la dispersion inévitable. Entre-temps, grâce à sa formidable troupe d’acteurs, Antony Cordier accumule assez d’humour, de sensualité et d’énergie pour que cet enterrement, qui ne dit pas son nom, reste une fête. Des plus réussies.
Louis Guichard, Télérama

Le 17 juillet
Le 17 juillet 2018 à 20h30
de 2,50 à 5€