zoom Frontières

Sortis récemment dans les salles, ces quatre films sont traversés par des frontières, pas seulement géographiques et politiques mais aussi morales, culturelles ou fantasmatiques. Au-delà de ce trait commun, la grande force du cinéma est de générer des images qui dépassent les faits les plus marquants. À commencer par Fuocoammare, documentaire remarquable de Francesco Rosi, qui, en nous projetant sur l’île de Lampedusa, terre d’accueil malgré elle, nous touche par le récit poétique d’un quotidien à la fois banal et troublant par ce qu’il ignore du drame qui se joue à sa porte. Et cette histoire lointaine et douloureuse nous devient terriblement proche et intime.

C’est en s’intéressant à l’équipe de rugby de Lons-le-Saunier que Sacha Wolff a l’idée de réaliser Mercenaire. Une quinzaine de joueurs y avaient été recrutés à l’étranger pour une saison afin de tirer l’équipe vers le haut. En s’intéressant à ces Français d’ailleurs, le film renvoie brutalement à notre histoire coloniale, au traitement réservé aux Français d’origine étrangère et à l’identité wallisienne, assez trouble et méconnue.

Si nous sommes familiers des films qui dénoncent le régime iranien et ses interdits, dans Sonita le point de vue est plus contrasté, le regard se déplace et là encore, le trouble nous saisit : Sonita est en effet soutenue et accompagnée par les femmes du centre social de Téhéran contre la volonté de sa famille qui veut la marier de force. Regard d’Iraniens sur l’Afghanistan, une manière pour la réalisatrice de contourner la censure, mais Rokhsareh Ghaem Maghami va plus loin. La réalisatrice traverse une autre frontière, celle qui touche à la relation du documentariste avec ceux qu’ils filme. En choisissant d’intervenir dans ses choix, en l’accompagnant et en l’aidant matériellement, Rokhsareh décide de l’orientation du film autant qu’elle influe sur le destin de Sonita. Vertigineux.

Rafi Pitts, cinéaste Iranien exilé, vise à l’universalité tout en affirmant sa singularité en ne rentrant dans aucune case nationale ou stylistique. Condamné à réaliser ses projets dans un autre espace que la terre de ses origines, il est travaillé par cette question d’appartenance. Pour lui, la langue et la culture nous constituent de manière fondamentale et dépassent les enjeux de territoires et les stratégies politiques. En cela, l’histoire de Nero, immigré mexicain, engagé dans l’armée pour avoir une chance d’être reconnu américain et chargé à son tour de surveiller une frontière au milieu de nulle part est troublante et passionnante. Sera-t-il reconnu comme un des leurs ? Rien n’est moins sûr.

Le 9 janvier
GIANFRANCO ROSI - 1H50, ITALIE, FRANCE, 2016
Du 11 au 18 janvier
SACHA WOLFF - 1H45, FRANCE, 2016
Du 11 au 19 janvier
RAFI PITTS - 2H, ALLEMAGNE, FRANCE, MEXIQUE, 2016
Du 12 au 17 janvier
ROKHSAREH GHAEM MAGHAMI - 1H31, IRAN, 2016
Le 14 janvier
GAËLLE VIDALIE - 1H, FRANCE, 2016
du 9 au 19 janvier 2017
de 2,50 à 5€