FLORIDE

PHILIPPE LE GUAY - 1H50, 2015
AVEC JEAN ROCHEFORT, SANDRINE KIBERLAIN, LAURENT LUCAS

À 80 ans, Claude Lherminier n’a rien perdu de sa prestance. Mais il lui arrive de plus en plus souvent d’avoir des oublis, des accès de confusion… Un état qu’il se refuse obstinément à admettre. Carole, sa fille aînée, mène un combat de tous les instants pour qu’il ne soit pas livré à lui-même. Sur un coup de tête, Claude décide de s’envoler pour la Floride. Qu’y a-t-il derrière ce voyage si soudain ?

Floride, le film que Philippe Le Guay a façonné à partir d’une pièce de Florian Zeller, emprunte en apparence le chemin de la comédie, aidé dans ce choix par un acteur dont la puissance n’a pas toujours pu se déployer, Jean Rochefort. Ce comique apparent, qui arrache des rires d’autant plus forts qu’on sait bien qu’il y a des choses dont on ne devrait pas rire, habille élégamment la chronique d’un long voyage dont le metteur en scène et l’acteur se plaisent à imaginer les étapes. Imaginer, seulement, puisque personne n’est jamais revenu de la démence pour en raconter les paysages. Retors, lubrique, vindicatif, pingre. Ou bien enfantin, timide, craintif, généreux. L’acteur comprime tous les états d’un homme dans des moments très brefs. C’est très beau, étourdissant et inquiétant. Carole, la fille de M. Lherminier, que joue Sandrine Kiberlain, voudrait être le compas qui oriente son père vers la raison et peine à se résoudre à le voir prendre la direction opposée. La mise en scène de Philippe Le Guay, discrète, circule avec grâce entre ces deux pôles, l’instabilité, l’imaginaire d’une part, le principe de réalité, la logique d’autre part. Mais, et c’est ce qui en fait le prix, toujours le film revient à son centre, à cet homme qui quitte lentement le monde des vivants pour entrer dans le sien, où personne d’autre ne peut pénétrer.

Thomas Sotinel, Le Monde

Le 26 juillet
Le 26 juillet 2016 à 20h30
1H50
de 2,50 à 5€